L’année 2024 s’annonce comme une période charnière pour l’économie de l’Afrique, un continent riche de ses ressources naturelles, mais qui fait face à des défis structurels persistants et à un environnement mondial incertain. Après plusieurs années marquées par la pandémie de Covid-19 et une reprise encore fragile, l’Afrique se trouve à un carrefour. Si certains signes d’espoir émergent, notamment une croissance soutenue dans certaines régions, de nombreux obstacles demeurent. Comment se présente donc l’économie de l’Afrique en 2024, et quelles sont les perspectives à court terme ?
Croissance modérée mais résiliente
L’Afrique, dans son ensemble, connaît une croissance économique modérée mais résiliente en 2024. Selon les dernières projections de la Banque mondiale, la croissance du produit intérieur brut (PIB) du continent devrait avoisiner les 4%, un chiffre légèrement supérieur à celui de nombreuses autres régions en développement. Cette croissance est tirée principalement par des secteurs comme l’agriculture, les infrastructures, et les technologies numériques, ainsi que par les exportations de ressources naturelles telles que le pétrole, le gaz, l’or et les métaux précieux.
Cependant, cette performance reste inégale. Les pays d’Afrique subsaharienne, comme le Nigéria, l'Afrique du Sud, et les nations riches en ressources naturelles, continuent de dominer le marché régional. Mais de nombreuses économies, en particulier dans les régions du Sahel, d'Afrique centrale et de l'Est, peinent à enregistrer une croissance soutenue en raison de conflits internes, d’instabilité politique, et de défis structurels tels que des infrastructures insuffisantes et une dépendance excessive à l'aide internationale.
L'impact des crises mondiales
L’économie africaine en 2024 est également marquée par des influences extérieures, avec des répercussions persistantes des crises mondiales. Le conflit en Ukraine, bien qu’il ait diminué en intensité, continue d’affecter l’économie mondiale. L’Afrique, qui est un important producteur de matières premières, a vu les prix de certaines denrées augmenter, ce qui a entraîné une inflation accrue. Les prix des produits alimentaires et de l’énergie ont particulièrement augmenté, pesant sur les économies des pays les plus vulnérables.
En outre, la politique monétaire mondiale, notamment la hausse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne, a contribué à la volatilité des devises africaines et a accru la dette extérieure, déjà à des niveaux préoccupants dans plusieurs pays. Les pays africains doivent donc naviguer dans un environnement de dette élevée et de finances publiques tendues, tout en cherchant à attirer des investissements étrangers et à diversifier leurs économies.
La transition énergétique et les nouvelles opportunités
L’une des grandes promesses pour l’avenir de l’économie africaine est sa capacité à jouer un rôle central dans la transition énergétique mondiale. Le continent possède des ressources abondantes en matière d’énergies renouvelables : soleil, vent, et géothermie. Des pays comme le Maroc, le Kenya et l'Afrique du Sud ont déjà mis en place des projets d'envergure pour développer ces ressources. En 2024, des investissements dans les infrastructures énergétiques vertes devraient augmenter, soutenus par les initiatives internationales et les financements climatiques.
L'Afrique dispose aussi d’un grand potentiel dans le domaine des technologies numériques. Les startups africaines connaissent une croissance rapide, notamment dans des hubs comme le Kenya, le Nigéria et l'Afrique du Sud. Les progrès dans l'accès à internet, la téléphonie mobile et les fintechs permettent à de nombreux Africains de participer à l'économie mondiale. Le secteur numérique offre également un potentiel énorme pour la création d'emplois, particulièrement pour les jeunes qui représentent plus de 60% de la population du continent.
Défis sociaux et politiques
Malgré ces opportunités, l’économie de l’Afrique en 2024 doit faire face à plusieurs défis structurels. Le taux de pauvreté reste élevé, avec une large proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté, particulièrement dans les pays en guerre ou en transition politique instable. Les inégalités entre les pays et au sein même des pays continuent d’être un frein à un développement économique inclusif.
L’instabilité politique, souvent alimentée par des tensions ethniques, des coups d’État, ou des conflits armés, demeure une menace pour la croissance économique. En 2024, plusieurs pays, comme le Mali, le Burkina Faso, et la République centrafricaine, sont confrontés à des défis sécuritaires importants, affectant la confiance des investisseurs et entravant les efforts de développement.
Conclusion
En 2024, l’économie de l’Afrique présente un tableau à la fois encourageant et préoccupant. Si la croissance est globalement positive, elle reste inégale et fragile face aux crises mondiales et aux défis internes. La capacité du continent à capitaliser sur ses ressources naturelles, à développer son secteur numérique, et à réussir sa transition énergétique sera déterminante pour son avenir économique. Toutefois, la stabilité politique et une meilleure gestion des inégalités sociales et économiques seront cruciales pour garantir un développement durable et inclusif. Le chemin est semé d’embûches, mais les opportunités restent considérables pour ceux qui sauront les saisir.